Lettre ouverte : protéger la consigne, une question de gros bon sens

23 octobre 2009 - En cette Semaine québécoise de réduction des déchets, à l’aube du dépôt de la tant attendue nouvelle Politique québécoise de gestion des matières résiduelles, nous voulons rappeler au gouvernement du Québec l’importance de protéger la consigne dans la province. D’ailleurs, partout autour de nous, la consigne se développe car on la reconnaît en tant que l’un des meilleurs instruments économiques environnementaux : deux principes essentiels, la responsabilité élargie des producteurs et les pollueurs-payeurs, fonctionnent avec la consigne.

Au Québec, l’industrie brassicole met en marché environ 1,5 milliard de contenants de bière chaque année. De ce nombre, 83% sont des bouteilles de verre brun consignées à 0,10$, qui sont réutilisées une quinzaine de fois chacune avant d’être détruites et recyclées. Ainsi, plus de 95% des bouteilles à remplissages multiples sont récupérées et réutilisées, ce qui fait de la consignation un système d’une extrême efficience, tant sur le plan environnemental qu’économique. Cette consigne privée, gérée par les brasseurs eux-mêmes, fonctionne en parallèle à une consigne publique administrée, elle, par le ministère de l’environnement via Recyc-Québec. Cette dernière s’applique depuis 1984 aux contenants à remplissage unique, c’est-à-dire aux bouteilles non réutilisables et aux cannettes. Malgré le fait que le prix de la consigne n’a pas été augmenté depuis 25 ans et que la valeur du montant de la consigne sur les canettes ($0.05) et les bouteilles ($0.10) n’équivaut plus à celle de 1984, encore environ 68% de ces contenants sont rapportés chez le détaillant. Et 100 % de ces contenants rapportés sont recyclés!

La consigne privée, la consigne publique et la collecte sélective sont complémentaires; elles doivent être améliorées au fil des ans afin de hausser les taux de récupération des contenants de boissons.

Aussi, pour mieux connaître la perception de la population québécoise vis-à-vis les systèmes de consigne de la bièreau Québec, un sondage a été effectué par CROP afin de mieux apprécier les connaissances des Québécois vis-à-vis des contenants consignés.

Les résultats du sondage sont éloquents : plus de 90% de la population québécoise connaît et apprécie la consigne sur les contenants de bière et de boissons gazeuses. De plus, la moitié des répondants (49%) croit qu’une augmentation de 5¢ à 10¢ sur la consigne de cannettes de bière les inciterait plus à rapporter ces contenants aux points de vente. Plus important encore, parmi les questions soulevées par le sondage, on constate la méconnaissance du public vis-à-vis des types de contenants disponibles sur le marché. En effet, parmi les marques les plus populaires comme Budweiser, Labatt Bleue ou Molson Ex, seulement 55 % des gens savent qu’il s’agit de bouteilles à remplissage multiple. À l’opposé, seulement 35 % des répondants ont identifié correctement la bouteille de Heineken comme étant à remplissage unique. La méprise est totale entre les deux systèmes. Il en résulte que si le Gouvernement du Québec abolissait la consigne publique, il mettrait inévitablement en danger le système de consigne privée. Le bilan en coûts financiers et environnementaux s’en verrait immédiatement alourdi. En outre, les problèmes de contamination par le verre cassé mélangé aux autres matières dans les centres de tri, en plus des bris et blessures causés par ces mêmes contenants brisés, seraient multipliés advenant la fin du système actuel.

Ce n’est certes pas le message que le Gouvernement du Québec souhaite livrer à la population dans sa démarche de développement durable, d’autant plus qu’il serait inéquitable entre les producteurs de prétendre financer la collecte sélective des autres matières avec les cannettes d’aluminium, comme le réclament certains groupes.

Ce qui compte pour nous, c’est la protection et l’amélioration des systèmes déjà en place. Conséquemment, le Gouvernement du Québec doit protéger les acquis de toutes les consignes dans la province.

 

Signatures

Action RE-Buts

Richard Boisvert, ex-cadre supérieur retraité de Recyc-Québec et ex-responsable de la gestion des systèmes de consigne sur les contenants au Québec

Martin Comeau, Consultations Libera Mutatio - Économiste de Recyc-Québec de 2002 à 2008

Consortium Écho-Logique

Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets

L’Association des brasseurs du Québec

L’Association des Micro-Brasseries du Québec

Les Bouteilles Recyclées du Québec (BRQ ) Inc

Clarissa Morawski, directrice de CM Consulting

Regroupement national des conseils régionaux en environnement